FRÉDÉRIQUE SETA
AÚN PARIS
QUELLES SONT LES RAISONS QUI T'ONT POUSSÉ À DÉMARRER TON ENTREPRISE ?
Je suis issue d’un Master de Communication, et après un premier job de trois ans en communication événementielle, la vie m’a amenée à bifurquer très rapidement dans le monde du conseil en RH. En me mariant, j’ai quitté Paris pour l’Est de la France, et c’est tout naturellement que je me suis mise à mon compte. Cela a duré dix ans et le rythme que j’avais trouvé était assez confortable puisque j’ai eu 4 enfants, et cette indépendance m’a vraiment aidée à gérer mon temps pro – perso.
Dix ans plus tard, de retour à Paris et à 36 ans, bien que j’aie adoré mon précédent travail, je ne me sentais plus alignée, plus challengée. L’impression d’avoir tout exploré. Et surtout : l’impression de ne pas avoir accompli mes premiers rêves professionnels me titillait. Les sirènes du Made in France, du chic parisien et de l’univers du voyage m’appelaient à nouveau. Hors de question pour autant de redevenir salariée, j’ai l’entrepreneuriat dans la peau, je ne peux plus revenir en arrière !
J’ai donc acheté un livre, que je recommande vivement. « Fais ce qui te plaît », de Maud Simon. C’est un bilan de compétences sous forme de livre auquel j’ai bien adhéré. Il m’a permis de me reconnecter avec ce que j’étais, mon parcours, mes envies, ma personnalité, mes goûts.
Et tout cela m’a amenée à créer AÚN PARIS : un savant mélange de ma vie et de mes envies !
PARLE-NOUS DE TON ENTREPRISE :
AÚN, c’est une marque de crèmes solaire saine, 1ère marque en France à être notée 100/100 sur YUKA avec une texture de rêve, et qu’on a vraiment envie de s’appliquer.
Depuis quelques années, je cherchais une crème solaire qui ait une composition saine, sans perturbateurs endocriniens. J’ai été enceinte 4 fois, et chaque été, l’idée d’appliquer des perturbateurs endocriniens sur la peau me faisait horreur. J’ai testé les crèmes bio, mais j’avoue qu’après chaque grossesse et quelques menus régimes pour retrouver la ligne, l’idée de me « peindre en blanc » sur la plage de me faisait pas rêver non plus !
J’ai découvert, en effet, que toutes les crèmes Bio utilisent deux filtres UV : l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane, un pigment blanc dont l’action anti-UV est de réfléchir la lumière. Donc à moins que ces pigments soient sous forme nano-particulaire, la crème bio sera toujours blanche. Et cela, ce n’était pas possible non plus.
Je rêvais donc d’une crème solaire saine, sans perturbateurs endocriniens, qui ait une texture de rêve, car une bonne crème solaire, c’est non seulement une crème performante, mais aussi une crème qu’on a envie d’appliquer, tout en restant jolie et féminine.
Il nous a fallu deux ans pour concevoir, avec notre laboratoire, cette crème solaire parfaite. AÚN PARIS est née, et elle est en ce moment en plein lancement sur Ulule !
QUELLES ONT ÉTÉ LES PREMIÈRES ÉTAPES POUR FAIRE DÉCOLLER TON ACTIVITÉ ?
Je n’ai pas encore beaucoup de recul, mais pour l’instant, AÚN a un accueil incroyable.
Depuis le début de cette aventure entrepreneuriale, je n’ai jamais autant fonctionné au feeling. Je m’écoute beaucoup, et c’est telle que je suis que les gens me découvrent. Mon produit, ma marque, mon amour du bassin méditerranéen, c’est mon univers, et j’adore le partager.
La chose la plus importante pour moi au départ, c’était qu’AÚN réponde à un vrai besoin. Ce besoin, je l’ai validé auprès de centaines de personnes, j’étais donc sûre qu’il y avait une attente.
Ensuite, c’était la campagne de lancement sur Ulule. Je trouve cet outil génial. Cela permet de tester son produit, lancer sa communication, et lever des fonds de manière participative, et cela, c’est une révolution pour les entrepreneurs.
QUEL A ÉTÉ LE MOYEN LE PLUS EFFICACE POUR ATTIRER DES CLIENTS AU DÉBUT DE TON ACTIVITÉ ET QUELLES SONT TES ASTUCES POUR CONSTAMMENT EN ATTIRER DE NOUVEAUX ?
Mes premiers clients, cela a été mes proches, c’est-à-dire mes amis, ma famille, mes premiers soutiens finalement. Il y a aussi eu toutes les personnes qui avaient répondu à mon étude de marché d’il y a deux ans, qui ont suivi notre lancement et qui nous sont fidèles !
Puis, tous ont partagé mon projet sur les réseaux sociaux ou encore par mail, et cela s’est répandu comme une nuée de poudre. Je leur en suis extrêmement reconnaissante. Et quand vous commencez très rapidement à vendre à des personnes que vous ne connaissez pas, c’est un grand bonheur.
Je trouve que les collabs apportent une vraie visibilité, mais aussi la publicité, qui permet de présenter sa marque au monde, et là aussi, AÚN bénéficie d’un très bel accueil.
QUELS ONT ÉTÉ TES PLUS GROS CHALLENGES AU LANCEMENT ?
Mon lancement a eu lieu le 14 avril 2020, en pleine crise du COVID 19. Un lancement que je n’aurais jamais imaginé vivre de cette manière.
Le 13 mars : le couperet tombe. Les écoles et la crèche de mes enfants ferment. Alors que je me demande comment je vais réussir à gérer l’instruction de mes enfants (3 niveaux scolaires) et le lancement de mon entreprise que je prépare depuis deux ans, je commence à éprouver les premiers symptômes du COVID 19.
Toux, oppression thoracique, fatigue extrême, conjonctivites à répétition. Ma respiration devient difficile. Le 1er avril, je contracte la pneumonie liée au covid. Semaine après semaine, on me soigne au doliprane. Sans effet bien sûr.
Pendant ce temps-là, je prépare mon lancement, je travaille au lit. Je resterai deux semaines alitée, jusqu’au lancement d’AÚN sur Ulule !
Au début du lancement, le 14 avril, je me sens mieux. Cela tombe bien, nous performons sur Ulule ! En 3 jours à peine, nous avons atteint notre 1er objectif de 300 pré-ventes. Mais j’ai perdu toutes mes capacités respiratoires.
Le 23 avril, c’est un médecin d’SOS Médecin qui me tirera d’affaire grâce à un antibiotique proche de l’Azithromycine, un bilan sanguin et une radio puis un scanner. On me détecte une tumeur au poumon.
Nous sommes le 28 avril. La fin de mon lancement a lieu le 24 mai. Je dois tenir le rythme ! Je poste sur les réseaux, je prépare un e-shop, j’apprends à faire des publicités sur Facebook. C’est passionnant. Tout me passionne dans l’entrepreneuriat. C’est une vraie ressource, car cela m’évite de ruminer.
Je suis dans un double tunnel médical et professionnel étroitement lié, la vie est étrange. Après une batterie de recherches et de tests, j’apprends le 11 mai que ma tumeur est bénigne, isolée et que nous allons la soigner.
Nous approchons de la fin du lancement, qui aura lieu le 24 mai. Je dois préparer la migration de mon activité sur Ulule vers mon e-shop où vous pourrez me retrouver dès le 25 mai 2020 !
COMMENT AS-TU SURMONTÉ CES DÉFIS ?
Grâce à mon mari, tout d’abord, qui a été très présent et qui m’a permis de me consacrer au lancement d’AÚN. Et puis… j’ai la tête un peu dure et je suis de nature très persévérante. Je dirais même que la nécessité de réussir ce lancement m’a guidée et m’a évité de trop penser à ce qui m’arrivait. Même si physiquement, je n’étais pas au sommet de ma forme !
Ce qui m’a beaucoup aidée aussi, c’est d’avoir anticipé un maximum mon lancement. J’ai pris le risque de lancer la production dès le début des pré-ventes, afin que les clients soient livrés au plus tôt dès la fin de la campagne, pour l’été. Tout se déroulait bien, nous étions dans les temps, je pouvais donc me concentrer sur notre communication.
Il ne faut pas avoir peur de pivoter, de penser différemment
DANS CETTE PÉRIODE TRÈS DIFFICILE ET INCERTAINE (COVID-19), COMMENT GARDES-TU LA FOI EN TES PROJETS ?
J’ai toujours cru en mon projet, Covid ou pas Covid. Je savais qu’AÚN répondait à un vrai besoin. C’était l’heure du lancement. Je ne me suis pas trop posé de questions.
Après, il est vrai que le COVID 19 a changé la donne en matière de distribution, car tout est à l’arrêt sur ce plan-là. Il faut pivoter, trouver des solutions, envisager les choses différemment. Heureusement, notre modèle repose essentiellement sur du digital. Et sur ce plan, tout fonctionne très bien.
COMMENT OCCUPES-TU TES JOURNÉES EN CETTE SAISON ?
Autant, en temps normal, mes journées sont calibrées sur un rythme pro-perso assez bien ficelé, autant là, la crise sanitaire a tout chamboulé !
Nous avons organisé un emploi du temps pour nos trois filles, afin de leur créer une routine, un rythme de travail et de temps off qui remplace l’emploi du temps habituel.
Mais pour nous, adultes, c’est très différent. Nous veillons au bon déroulé des devoirs. Notre petit garçon a 1 an, il a besoin d’une attention constante. Bref, nous nous relayons, en fonction de nos conf-call et de nos impératifs professionnels.
De manière fixe, nous travaillons pendant la sieste de notre bébé, et le soir, jusqu’à 1h du matin. Le reste du temps, on s’adapte !
QUELS CONSEILS DONNERAIS-TU À D'AUTRES FEMMES ENTREPRENEURS ?
Difficile de donner des conseils en ce moment, car il est certain qu’on fait toutes de notre mieux ! S’il y en avait un, ce serait peut-être qu’en ces moments d’incertitudes, il ne faut pas avoir peur de pivoter, de penser différemment. Toute crise est une opportunité de se réinventer.
Ce dont je suis certaine, c’est que nous avons des ressources incroyables en nous, voire insoupçonnées dès lors qu’on a la foi en nos projets et en nos rêves.
COMMENT GARDES-TU TA MOTIVATION FACE AUX MOMENTS DIFFICILES ?
Je pars du principe qu’il y a toujours une solution à tout et j’explore, j’en parle, je tente…, mais surtout : je ne regarde jamais « dans l’assiette du voisin », et je me concentre sur la mienne. Je fais mon chemin.
QUELLES SONT LES CLÉS DE LA RÉUSSITE SELON TOI ?
La clé de la réussite ? C’est de s’écouter, de faire les choses à sa façon, des choses qui nous ressemblent. Il faut que le fruit de son travail soit le prolongement de soi-même et non la pâle copie de… Quand je dois prendre une décision compliquée, « j’écoute mes tripes ». C’est là qu’est la solution, le plus souvent.
Quand un gros imprévu arrive…
j’actionne mon sens des priorités. Je hiérarchise et je commence par l’essentiel.
Ma plus grosse peur en tant qu'entrepreneur est…
de bien gérer ma trésorerie les premières années. Prudence !
La chose la plus courageuse que j’ai faite est…
de lancer AÚN !
À 50 ans, si je pouvais revenir à l’époque de mes 20 ans, je me dirais…
cela va aller ! Accroches-toi à tes rêves ! Quand tu es sur le bon chemin, tout s’aligne.
La plus grosse leçon que j’ai apprise grâce à l’entrepreneuriat est…
que la confiance en soi s’acquière en agissant.
Mon dicton préféré est…
« Les voyages forment la jeunesse ! ». C’est tellement vrai. Les voyages nous révèlent à nous-même.